Docteur Voltaire et Mister Hyde, Frédéric Lenormand.

Publié le par JP Favard

Docteur Voltaire et Mister Hyde, Frédéric Lenormand.

C'est devenu un rendez-vous. Chaque mois de février, mars quand le vent souffle trop fort, Voltaire débarque, avec poudres et fracas. Ça virevolte, ça pimente, ça empoisonne et parfois même, ça philosophe. Voltaire. François-Marie Arouet. Sauf que cette fois-ci, il n'est pas seul. Bien sûr, il a sa marquise et son gros abbé avec lui (car il est bien connu qu'on ne se déplace jamais sans sa marquise ni son gros abbé) mais il a également son frère. Et là, c'est une toute autre histoire.

Paris frissonne, la peste est annoncée. Des apothicaires rendent l'âme, Voltaire mène l'enquête. Les Arouet, à tort ou à raison, échangent leur rôle. L'un a écrit des ouvrages que l'on brûle quand l'autre allume les bûchers. Alors forcément, ça fait des étincelles. Et quand je vous aurais dit qu'un infâme anglais (oui, l'anglais est infâme, c'est ainsi, nous n'y pouvons rien), quand je vous aurais dit, disais-je donc, qu'un infâme anglais tente d'enlever l'enfant des lumières pour l'importer chez lui afin de distraire son roi... qu'une malle capitonnée attendant de le recevoir et se voit encombrée d'un naturaliste bouffon... pardon, Buffon. Que...

Pour cette sixième aventure de son Voltaire enquêteur, et encore plus que les fois précédentes, Frédéric Lenormand donne libre cours à sa folie douce (ou dure, selon les circonstances). Ça pétille, ça phosphore, ça ébloui. Et l'on découvre, au passage, ce que les Beatles doivent à Arouet (si, si, les Beatles !). Et même Gainsbourg, pour les plus attentifs (1666, année satanique). C'est drôle. Ça ne mène pas forcément quelque part mais quelle importance ? Parce que le bonheur, à l'état pur, ça ne se refuse pas. Surtout par ces temps d'obscurantisme galopant.

La seule question qui demeure en suspend lorsque l'on referme ce volume (et le restera jusqu'à l'année prochaine au moins) : après le clin d’œil au « diable s'habille en Voltaire » (2013), à « Crimes et condiments » (2014), au fameux « Élémentaire, mon cher Voltaire » (2015) et au présent « Docteur Voltaire et Mister Hyde », quel pourra bien être le jeu de mots suivant ?

Suspense.

Deux extraits (pris au hasard) :

« Les vivants n'avaient pas la bonhomie des trépassés, toujours calmes, d'humeur égale, d'accord pour tout, mécontents de rien, impassibles même si le corbillard venait à verser dans le fossé ou si on les jetait dans un trou déjà rempli d'inconnus. Il n'y avait pas plus compréhensif qu'eux. C'étaient les parents qui se comportaient mal. Heureusement, on avait toujours la consolation de se dire qu'on les reverrait à leur tour dans de meilleurs conditions. » (page 123)

« Les réfugiés étaient répartis par petits groupes sur les divans, autour des tables, et s'épiaient discrètement. Âgée d'une trentaine d'années, la maîtresse de maison était une belle femme, le genre le plus apprécié des fermiers généraux arrivés à maturité. Elle constituait indubitablement un joli morceau, un morceau de fermier général. La différence d'âge devait être d'environ deux décennies et quelques millions de francs. » (page 236)

Titre : Docteur Voltaire et Mister Hyde.

Auteur : Frédéric Lenormand

Editions JC Lattès, 337 pages, 18€.

Et comme toujours, il suffit de cliquer sur l'image de couverture pour accéder directement à la page dédiée sur le site de l'éditeur.

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