Le lit de béton, Laurent Fétis.

Publié le par JP

 

Fétis

 

 

Parfois, on découvre de nouveaux auteurs aux détours de tables surchargées, dans quelques librairies borgnes où l’on n’entre qu’après avoir donné le mot de passe et fait preuve d’une belle combattivité lors du fight sanglant qui oppose tout acheteur digne de ce nom au cerbère de service, en règles générales un ancien des milices serbes reconverti dans la diffusion de culture de masse faute d’avoir pu rejoindre les rangs des néonazis supporters de foot de son village (la déchéance pour lui, d’où la hargne qu’il n’hésite pas à déverser sur votre pauvre crâne à coups de batte de base-ball, ouille, ça fait mal, on avait dit pas les dents). Et puis, parfois, non.
Cet auteur-là, par exemple, c’est à table, devant une assiette de nourriture imprécise, que je l’ai rencontré. Il était assis en face de moi, un chapeau enfoncé jusqu’aux sourcils et une « Keith Richards» fièrement plantée au doigt (autant de détails le rendant immédiatement sympathique). Nous avons échangé quelques banalités d’usages entre le fromage et le dessert (si ça se trouve, il a même rempli mon verre, c’est dire si nous étions rapidement devenus intimes). Puis à nouveau, moi debout devant son stand et lui assis derrière. Par curiosité, et aussi parce que le sujet me semblait porteur, j’ai acheté une de ses productions. Un machin au titre pour le moins énigmatique, « Le lit de béton ». Publié chez Baleine (bref, tout ça sentait plutôt bon). Et là… autant vous l’avouer, impossible de lâcher ce bouquin avant de l’avoir terminé (à coups de docs coquées dans la tronche évidemment). C’est glauque mais sait rester correct, ça ne donne pas dans la surenchère alors que ça pourrait parfaitement (d’autres ne se serait sans doute pas gênés). C’est rondement mené, avec un style brillant et drôle. C’est cynique. Bizarre. Branque. Malsain mais juste ce qu’il faut (un peu plus quand même, faut pas non plus exagérer). En un mot comme en sang, c’est agréable, bien foutu et bien barré. L’histoire ? Pour résumer, il s’agit d’un snuff zombie.
Le gars est mort (zombie) et il réalise des snuff (movies). Comme il n’existe aucune morale dans ce monde de brutes et de comptables, il est embauché par un type qui fait fortune dans le commerce du pétrole (beau siège social, beaucoup de pognon à la clef) pour réaliser un film un peu… particulier. Évidemment, il y a casting. Découverte de la perle rare. Et massacre de la belle. Sauf que. Eh oui, car tout ça serait un peu trop simple sans un « sauf que ». D’autant plus que notre mort se fait plomber. Après que son équipe de branques (pardon, je veux dire, d’assistants) se soit elle-même faite dessouder… on peut dire que ça ne sent pas très bon au royaume des morts-vivants. Et si en plus je vous dis qu’il y a un cochon dans l’histoire…
Oui.
Je sais.
Je vais songer à reprendre mon traitement.
Vous avez raison, je sais que vous avez raison.
Sinon ?
Le bouquin ?
Eh bien vous trouverez toutes ses coordonnées ci-dessous.

Titre : Le lit de béton
Auteur : Laurent Fétis
Éditions : Baleine noire. 6 € (poche)

Ps : Une rapide recherche sur le Net m’a appris que Laurent Fétis a pour particularité d’avoir été le plus jeune auteur publié par la Série Noire (il avait 19 ans à l’époque (ah oui, quand même !)). Aujourd’hui, il attaque la quarantaine. Autant dire que le monsieur sait comment s’y prendre pour vous tenir en haleine… Son dernier roman vient tout juste de sortir aux éditions Asgard (et on aura sans doute l’occaz d’en recauser parce que je pense que je ne vais pas le lâcher de si tôt celui-là). Quant au lit de béton, j’ai lu quelque part (mais ne me demandez surtout pas où, je serai totalement incapable de vous répondre) qu’il envisagerait sérieusement d’en faire une suite. Et là moi je dis « gnarc gnarc ».

Le blog de Laurent Fétis :

http://laurentfetis.canalblog.com/


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