Edition, comment ça marche.

Publié le par JP

Voici un petit post, trouvé au hasard d'une balade numérique, sur le forum du Diable (ndr: forum du site de la maison d'édition du Diable Vauvert, voir liens). Il me semble fort instructif quant aux manières de fonctionner des grandes maisons d'édition.

L'auteur en est Christophe Paviot, auteur lui même ( http://www.christophepaviot.com/ ).

 

L’autre jour au salon, j’ai assisté à un débat un peu minable, organisé par le magazine Muze, et animé par sa rédac-chef. Le thème était : comment se faire publier ?


Les intervenants étaient Paul Otchakovsky Laurens (POL), Anne Carrière (Editions du même nom), Olivier Nora (Grasset) et Francis Esmenard (Albin Michel).


Le mec d’Albin était assez drôle, il avait un petit air de Bruno Lochet, surtout dans la diction, ça le rendait sympathique. Et aussi il disait pas mal de trucs vrais, il avait du recul, mais bon, il ne se positionnait pas d’emblée comme le boss d’une maison très "littéraire".


Le boss éditorial de POL était très intéressant aussi, très humble, très exigeant. Les deux autres, étaient chiants.

Le truc drôle, c’est qu’ils se sont tous arrachés pour nous expliquer qu’il leur arrivait de publier des livres débarqués par la poste. C’est rare, ils en convenaient, mais ils voulaient absolument faire passer le message que ça valait la peine d’y croire, de s’y essayer. Preuves à l’appui, ils brandissaient avec fierté (Anne Carrière) des livres prétendument reçus par la poste, c’était un peu triste. À vouloir prouver le bon fonctionnement de l’édition, ils s’abîmaient sous nos yeux.


POL lit les livres c’est indéniable, et ça se sait. Mais les autres toussaient mollement quand ils étaient visés par ce genre de question.


En même temps, quand une maison d’édition reçoit 5000 manuscrits par an, c’est une moyenne, elle n’a pas les moyens de les faire lire par d’autres gens que des stagiaires. Imaginons qu’une fiche de lecture rédigée par de courageux étudiants, ou chercheurs de perles, coûte 15 euros à la maison d’édition, et 15 euros c’est rien, ben voilà, le calcul est vite fait, c’est pas possible de financer de tels coûts.


Alors voilà, les manuscrits sont enregistrés, entassés sur plusieurs mètres cubes, on envoie une petite lettre type pour rassurer l’auteur sur la prise en charge de son manuscrit, et sur les délais avant qu’il ne s’inquiète. Et quelques mois plus tard, au bénéfice d’une petite note de lecture, ou pas, ça dépend si les vacances scolaires sont passées par là, l’auteur reçoit, le plus souvent, une lettre négative.


J’ai l’impression qu’il faut surtout s’adresser aux petits éditeurs qui eux prennent encore le temps de lire, ou parcourir eux-meme les manuscrits. Ils en reçoivent eux aussi beaucoup, mais ils ont plus à coeur, il me semble de dénicher, découvrir les filles et les garçons qui seront forts dans la durée.


Bref, ce débat était un peu triste, parce que les éditeurs esquivaient la réalité. Et on sentait dans l’assemblée les attentes très fortes d’un public inquiet. C’est vrai que beaucoup de journalistes et chroniqueurs sont publiés aujourd’hui, d’ailleurs l’animatrice, la fille de Muze était publiée par Albin, c’est à son éditeur qu’elle s’adressait. Elle était donc très cool avec le monsieur.


Le truc le plus grave je trouve, c’est que pas mal de gens qui lisent peu peuvent être propulsés Editeurs aujourd’hui. Quelqu’un au salon m’a sauté dessus pour me demander, tu sais ce que je deviens ? Je suis éditeur dans une grande maison parisienne. Cette personne, il y a encore cinq ans lisait queud et ne connaissait pratiquement rien quand je lui parlais d’un bouquin. Ça m’a fichu une de ces trouilles.


Je vous parlerai très bientôt de la solution que j'ai trouvé pour le traitement de mon cas personnel, à savoir, l'autoédition associative. Mais chut, c'est encore un secret…

 

A suivre !


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